GENS DE BEHAVIOUR
Antoine Bouchard-Côtes
Antoine Bouchard-Côtes est un concepteur de son chez Behaviour Interactif.
Salut Antoine! Parle-nous de ton arrivée chez Behaviour.
Après mes études en conception de jeu et en conception de niveau, j’ai fait un stage en tant qu’assurance qualité (AQ) dans un très petit studio. J’y ai appris une tonne de choses, mais le studio ne me convenait pas à 100%. C’est à ce moment-là que j’ai vu que Behaviour recherchait des AQs à temps plein. Comme j’aimais déjà l’entreprise et Dead by Daylight, j’ai postulé. Je suis venu passer une entrevue et ça s’est très bien passé!
Quelle est la différence entre commencer en tant que AQ ou en tant que concepteur de jeux?
En tant que AQ, tu apprends rapidement à connaître le pipeline. Sans le maîtriser entièrement, tu apprends à reconnaître qu’un certain bug doit être corrigé par le département artistique, alors qu’un autre doit parfois être réglé par un programmeur, même si c’est un problème audio.
On comprend donc plus rapidement à qui parler à travers les différentes équipes et on touche à tout. C’est ce qui m’a permis d’interagir plus étroitement avec Ian Chuprun qui était concepteur de son et, de fil en aiguille, me diriger vers la conception sonore.
Est-ce que tu es devenu concepteur sonore par hasard? Quel a été ton processus?
Oui et non. J’ai repris la place d’un AQ qui s’occupait du son et j’ai beaucoup aimé ça. J’allais donc souvent parler avec Ian. Je m’assoyais à côté de lui et il m’expliquait en détail ce que je devais entendre dans certaines situations précises. Il me demandait si j’entendais tel son, ou telle texture sur telle surface. J’étais complètement fasciné et je me disais « ok, c’est ça que j’veux faire! ».
De quelle façon est-ce que les concepteur∙trices de son débutent leur carrière normalement?
Les postes en conception sonore sont assez rares. Souvent, les entreprises vont demander de 5 à 10 ans d’expérience, parce que, sauf dans les grands studios, tu es souvent seul sur un projet.
J’ai commencé en tant que junior sur Meet Your Maker pour créer des assets de son et pour aider Ian. J’ai été assez chanceux parce que Behaviour ne recherchait pas quelqu’un avec 3 ou 4 ans d’expérience et qui allait changer ce qui était déjà créé et proposer de nouvelles conceptions puisque le projet était trop avancé pour ça.
C’était parfait pour moi. Je voulais justement qu’on me dise quoi faire parce que c’était de cette façon-là que j’allais apprendre. J’avais besoin de me faire mentorer.
Avais-tu des antécédents musicaux?
Oui, j’ai étudié en musique au CÉGEP, mais vraiment pas en conception sonore. J’ai étudié en piano jazz-pop! Ce que j’aimais le plus de mon cours, c’était le côté créatif. Parce que moi, j’ai besoin de créer des affaires dans la vie. Sauf qu’au CÉGEP, ce n’est pas ce que tu apprends. Tu apprends à bien placer tes doigts, à lire des partitions, etc. Je n’ai pas aimé grand-chose de cette portion-là.
Par contre, j’ai capoté sur mon cours de musique MIDI (on se rappelle que c’était en 2006-2007!!!) et je me suis acheté un laptop quelque temps plus tard pour pouvoir faire ma propre musique.
La conception sonore n’a absolument rien à voir avec le fait de créer une pièce musicale, mais ça m’aide dans mon travail de tous les jours. À force de jouer de la musique tous les jours, ça t’aide à développer une oreille et reconnaître ce qui est bon ou pas. En plus, c’est aussi notre travail d’intégrer la musique aux jeux et s’assurer que tout est fluide.
Est-ce que composer une musique pour un jeu t’intéresserait?
Bien oui, c’est sûr! Je ne suis pas un pro de l’orchestration, mais il y a certains jeux qui sont un peu plus électro et qui me conviendraient davantage, comme le jeu FEZ, qui est synthétiseur à fond. C’est ce genre de musique-là que j’aimerais faire, mais pour l’instant, je me contente très bien de la conception sonore!
Ça ressemble à quoi une journée typique d’un concepteur de son?
Au début je joue au jeu. Je fais 2 ou 3 parties parce que je trouve ça important de voir ce que les autres y ont ajouté. Après je commence ma tâche. En ce moment, je fais de l’optimisation. Je vous donne un exemple : quand on entend une épée frapper un garde, par exemple, je dois mixer 8 sons d’impacts différents afin d’en créer un seul qui est agréable à l’oreille. C’est ce qu’on appelle de l’optimisation.
Il y a aussi des occasions spéciales où je dois enregistrer des sons de légumes écrasés chez moi parce qu’on doit mettre des sons de sang dans le jeu, par exemple. Ça n’arrive pas à tous les jours, mais c’est toujours le fun quand on le fait soi-même.
Qu’est-ce qui t’a mené jusqu’au monde des jeux vidéo après ton cours en musique?
Moi, je viens de Joliette. Là-bas, la musique est très folklorique/classique et ce n’est vraiment pas ce que je fais avec mon groupe de musique.
On est venu à Montréal parce que c’est ici que les nouveaux talents un peu plus obscurs se font découvrir. On a fait plein des spectacles, mais à un certain point, j’avais besoin de faire de l’argent. Je me suis donc posé la question : « Antoine, qu’est-ce que t’aimes dans la vie? » La réponse était simple. J’aimais les jeux vidéo et j’y jouais depuis que j’avais 4 ans. Je devais faire quelque chose avec ça. C’est donc là que j’ai fait mon cours en conception de niveau.
Tu aimes être présent sur les médias sociaux, comme TikTok. Depuis combien de temps est-ce que t’es sur l’appli? Qu’est-ce qui t’y a attiré?
Je pense que j’ai téléchargé TikTok en même temps que tout le monde au début de la pandémie. Je l’ai téléchargé parce que je voulais savoir de quoi tout le monde parlait. Finalement, je n’étais plus capable d’arrêter de regarder les vidéos.
Au début, je publiais des vidéos vraiment de base. C’est mon vidéo du Subway qui a tout fait décoller.
Est-ce que c’est à partir de là que tu as trouvé ton style?
Pas vraiment, mais maintenant, mes performances sont plus intenses parce que c’est ce que le monde aime. J’ai réalisé que les gens trouvaient ça vraiment drôle quand j’étais spontané, j’ai donc décidé de mettre l’emphase sur ma spontanéité.
En quelques mois, ton nombre d’abonnés a explosé. À quoi ressemble ton quotidien maintenant?
Le monde me reconnait dans la rue et veut des selfies avec moi! C’est surprenant parce que ça fait des années que je publie du contenu sur différentes plateformes sociales, que ce soit Youtube ou Instagram et les seules personnes qui voyaient mes publications étaient mes ami∙es et ma famille. Alors dans ma tête, publier sur les réseaux sociaux, c’était quelque chose d’assez anonyme.
En général, la plupart des gens sont très gentils.
Quelle est la suite des choses pour toi?
Je veux continuer de travailler chez Behaviour, ça, c’est sûr. Je trouve ça le fun de travailler ici et l’équipe d’audio est très talentueuse.
Sinon pour ma vie personnelle, je vais continuer sur TikTok, ce qui va probablement m’apporter des collaborations de plus en plus grosses.

Concepteur de son