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31.05.23

GENS DE BEHAVIOUR

Que signifie pour vous le Mois du patrimoine asiatique?

Dans le cadre des célébrations du Mois du patrimoine asiatique chez Behaviour, nous consacrons cette édition des Gens de Behaviour aux réflexions de six membres d’origine asiatique. Nous leur donnons la parole pour qu’ils nous expliquent ce que ce mois important signifie pour elles et pour eux et ce qu’ils espèrent que les autres en tireront.

Leurs réponses vous inspireront et vous donneront l’occasion de vous questionner. Nous leurs sommes profondément reconnaissants pour le temps et les efforts qu’ils et elles ont consacrés à les écrire.

Va Diep -葉玉華

Mon patrimoine asiatique est ce qui me définit en tant que personne. Dès mon plus jeune âge, j’ai baigné dans les valeurs de deux communautés asiatiques.

Mes parents ont fui la guerre civile cambodgienne. Ils ont perdu des membres de leur famille et des ami.e.s proches. Ils ont vécu la terreur, la famine, ils ont fui les Khmers rouges, ils ont vu leur pays s’écrouler sous des bombardements. Née au Cambodge durant ces année sombres, c’est à travers leur passé douloureux que j’ai appris le partage, la solidarité, la persévérance, la résilience et surtout, la compassion.

Mon grand-père maternel étant d’origine chinoise, le respect des ainé.e.s, la loyauté et l’importance de la famille sont des valeurs qui m’ont été inculquées dès ma plus tendre enfance.

Le mois du patrimoine asiatique est un moment propice pour découvrir les différentes cultures asiatiques, que ce soit en participant à différents évènements culturels, en assistant à des spectacles traditionnels, en goûtant à différents mets asiatiques ou tout simplement en se baladant au quartier chinois pour y découvrir des restaurants ou des boutiques spécialisées.

J’espère que chacun.e saura apprécier la culture et les différentes valeurs de chacune des communautés asiatiques et que cela permettra de lutter contre le racisme, qui a été amplifié par la pandémie causée par la COVID-19. Chaque communauté asiatique a sa propre histoire, ses valeurs, ses traditions et sa gastronomie, qui valent tellement la peine d’être découvertes!

Chris Han – 한인철

La récente hausse des crimes haineux et de la xénophobie à l’encontre des personnes d’origine asiatique illustre toute l’importance de respecter et de célébrer la riche histoire, les traditions et les réalisations des communautés asiatiques. En tant qu’immigrant sud-coréen, j’ai personnellement été témoin des contributions inestimables des Canadien.ne.s d’origine asiatique dans divers secteurs comme la technologie, l’alimentation et l’hôtellerie, la santé et la culture.

Le Mois du patrimoine asiatique a la vocation de nous rappeler que toutes les ethnies et les races sont fondamentalement égales. Ensemble, nous pouvons façonner une société plus inclusive et harmonieuse pour les générations actuelles et futures en reconnaissant et en chérissant les contributions de chaque communauté.

Pendant le Mois du patrimoine asiatique, j’espère sincèrement que les gens ouvriront leur cœur et leur esprit non seulement pour en apprendre davantage sur les contributions des personnes d’origine asiatique, mais aussi pour apprécier pleinement toute la richesse culturelle qui nous provient de pays du monde entier.  En explorant les diverses cultures, traditions et réalisations des communautés asiatiques, nous pouvons cultiver une compréhension et une appréciation plus profondes de la belle harmonie qui nous relie tous et toutes.

Dans la société multiculturelle du Canada, personne n’est simplement 100 % Canadien.ne. Nous venons tous et toutes de différents milieux, mais nous vivons ensemble et partageons une même mission de bâtir une société meilleure pour les générations à venir. Notre force et notre unité collectives découlent de l’acceptation et de la célébration de nos différences uniques, en comprenant que chaque culture et chaque tradition ont une valeur égale et méritent un respect égal.

Sylvia Pan – 潘欣蕾

 

Le Mois du patrimoine asiatique n’est pas seulement une occasion de célébrer la riche histoire des communautés asiatiques et les diverses cultures qui ont contribué à notre société, mais aussi de souligner les différents vécus, défis et expériences que vivent les personnes d’origine asiatique. Comme beaucoup de jeunes Canadien.ne.s d’origine asiatique, j’ai déjà eu l’impression que je devais choisir entre mon identité asiatique et mon identité canadienne. On m’a fait croire que pour m’intégrer ou réussir dans mon propre pays de naissance, je devais couper les ponts avec mes origines chinoises. Au fil de mon cheminement personnel, j’ai réalisé que ce choix qu’on m’avait imposé n’était aucunement justifié.  C’est pourquoi il est important de célébrer la dualité des origines asiatiques et canadiennes, en soulignant que nos différences sont une richesse qu’il faut valoriser et respecter.

En ce Mois du patrimoine asiatique, j’invite et j’encourage tout le monde à découvrir les histoires, les cultures et les parcours de vie des Canadien.ne.s d’origine asiatique, afin de créer un environnement propice à des échanges et des dialogues interculturels qui nous permettront de briser les barrières dressées par l’ignorance de la culture de l’autre.

Lynn Lam

 

Personnellement, je vois le Mois du patrimoine asiatique comme un moment à l’importance de mon héritage asiatique dans le parcours qui a fait de moi la personne que je suis aujourd’hui. Mes parents ont conservé leurs valeurs et leurs points de vue traditionnels lorsqu’ils ont immigré au Canada et ils nous ont élevées, moi et ma sœur, en fonction de ces valeurs. Tout était très traditionnel à la maison, tandis qu’à l’extérieur nous étions des Canadiennes comme les autres. Ce contraste était un peu déroutant pour moi, j’avais l’impression d’être déchirée entre deux identités, une vietnamienne et une canadienne, qui étaient constamment en conflit.

Aujourd’hui, cependant, je suis reconnaissante envers mes parents de m’avoir élevée de cette façon et de m’avoir transmis ces valeurs traditionnelles. Ça me rappelle qui je suis et d’où je viens. C’est très important pour moi de ne plus voir mes deux cultures comme une dichotomie, mais comme deux parties complémentaires d’un même ensemble.

Ce mois-ci, j’espère que les gens découvriront les parcours des personnes d’origine asiatique. En apprenant l’expérience vécue des autres, nous pouvons mieux nous comprendre et célébrer nos différences.

Vi Le – Lê Vũ Vi

 

Pendant une grande partie de ma vie, le Mois du patrimoine asiatique était juste une occasion pour célébrer nos réalisations.  Avant, il s’agissait simplement de célébrer des personnes d’origine asiatique qui s’étaient démarquées dans leurs domaines respectifs et de voir la réussite de gens qui me ressemblaient un peu. À la lumière d’événements mondiaux récents et de mon passage à l’âge adulte, je vois maintenant le Mois du patrimoine asiatique comme une occasion d’aborder de façon beaucoup plus nuancée la diaspora asiatique et les défis qui l’entourent. Il s’agit non seulement de reconnaître nos réussites, mais aussi d’aborder ensemble nos difficultés. C’est une période importante pour moi, parce qu’elle nous donne l’occasion de raviver d’importantes discussions sur l’expérience des personnes asiatiques en matière de racisme, de discrimination, d’identité et d’histoire. Bien qu’il soit important d’aborder ces sujets tout au long de l’année, le fait d’y consacrer un mois permet d’orienter la discussion sur des enjeux importants et de leur donner plus de visibilité. 

J’espère que ce que les gens retiendront du Mois du patrimoine asiatique, c’est à quel point notre communauté est diversifiée. La communauté asiatique n’est pas un groupe homogène, et il est important de se rappeler que chaque région, pays et groupe ethnique a sa propre culture et ses propres expériences. En Amérique, les Asiatiques d’Extrême-Orient ont tendance à avoir une plus grande visibilité. Il est donc naturel qu’ils soient les premières personnes à nous venir à l’esprit lorsqu’on pense à la communauté asiatique. J’invite les gens à profiter du Mois du patrimoine asiatique pour explorer les cultures qui n’attirent pas autant d’attention.

Noeul Kang – 노을

 

Très souvent, comprendre l’histoire moderne d’un pays permet d’approfondir nos connaissances et de comprendre des pratiques culturelles qui nous laisseraient autrement perplexes. Par exemple, un ami qui n’aime pas les œufs m’a demandé lors d’une discussion sur la cuisine coréenne pourquoi il y a tant d’œufs dans les recettes coréennes. Je lui ai répondu que la viande coûte cher, mais qu’un œuf est une excellente source de protéines bon marché, donc de nombreuses recettes utilisent des œufs. Creusez un peu plus et vous constaterez que la Corée n’a pas toujours figuré parmi les 10 plus grandes économies mondiales – elle a enduré la colonisation, une guerre et une dictature qui ont causé d’énormes difficultés et souffrances. Les gens qui connaissent uniquement la Corée d’aujourd’hui et la K-Pop peuvent avoir de la difficulté à saisir cet aspect particulier de la cuisine coréenne. En étudiant l’histoire, nous pouvons prendre du recul et mieux saisir le contexte des choses, ce qui est très utile pour bien comprendre une culture.

J’aimerais que ce mois permette aux personnes qui s’intéressent au Mois du patrimoine asiatique de :

  • Comprendre que nous faisons tou.te.s partie du tissu culturel du Québec;
  • Réaliser que la lecture et l’apprentissage de l’histoire, du patrimoine et de la culture sont des activités aussi passionnantes qu’utiles;
  • Engager une discussion saine et intelligente sur ces sujets.
  • Ne pas être timides! Nous apprenons tous et toutes ensemble.